Les Muses - III : Hermia
III
Hermia
« Donne-moi tes lèvres, Julie ;
Les folles nuits qui t’ont pâlie
Ont séché leur corail luisant. »
Alfred de Musset
Les larmes parfois ne se perdent pas ailleurs,
Elles peuvent rouler le long d’un tendre cœur
Pour finir par noyer la prudente sagesse.
Ballotté entre les reflux du désespoir,
Je vis une jeune fille à l’écharpe noire
Qui me fit oublier ma peine et ma détresse.
Sur un seul mot d’elle, j’aurais abandonné
Ma suite de songes encore à pardonner,
En rêvant éveillé à un nouveau bonheur.
C’était ma Magicienne, mon oiseau de feu,
– En ce temps où le rouge embrasait ses cheveux –
Qui ranimait l’amour, des cendres de mon cœur.
Puis, un soir pluvieux a noyé mes espoirs,
– Ocho de Mayo à graver dans mon histoire, –
Lorsque Octave embrassa l’éternelle Phoenix :
J’ai séché mes yeux tristes dans de blancs rideaux ;
Du fond d’un verre qui n’était pas rempli d’eau,
J’errai, ivrogne et fou, sur les berges du Styx.
Pourquoi aimer toujours ce même ange doré,
Puisqu’un beau jour il finira par s’envoler ?
Je crois bien que c’est là ma plus grande folie…
Alors en attendant de lui dire adieu,
Chaque semaine je contemple ses yeux…
Oh, pour ce soir, donne-moi tes lèvres, Julie !
« I frown upon him ; yet he loves me still. »
Hermia, in A Midsummer Night’s Dream.